Les biais cognitifs, passés au crible
Chaque jour nous sommes amenés à traiter un très grand nombre d'informations et à prendre de multiples décisions. Si nous devions tout analyser de façon objective, exhaustive et rationnelle, nous serions incapables d’agir au quotidien.
Le cerveau a donc développé des automatismes pour réduire ses efforts : ce sont les biais cognitifs. Ils simplifient notre raisonnement, réduisent notre incertitude et accélèrent nos prises de décision. Agissant à notre insu, les biais sont censés nous faciliter la vie.
Malheureusement, ils rendent également notre jugement nettement moins qualitatif, plus prévisible et facile à manipuler. Les marketeurs l’ont bien compris et usent de cette faiblesse pour nous influencer à acheter leurs produits.
En réalité, si nous nous contentons souvent de raisonnements bâclés, ce n’est pas toujours dû à une erreur de logique. Nos motivations ou nos croyances peuvent nous pousser à privilégier certaines options dans l’évaluation d’une situation.
Certains biais affectent également notre façon de percevoir les autres êtres humains. En effet, des mécanismes d’ordre cognitif, émotionnel ou social interviennent lorsqu’on doit se former une opinion sur une personne.
En situation de recrutement, ce qu’on appelle les « biais de jugement » sont donc particulièrement actifs. Nous aimerions vous les faire découvrir pour vous aider à mieux comprendre les mécanismes psychologiques qui se jouent en entretien.
À quoi sert-il de connaître les biais pour un candidat ?
Nombre d’études en psychologie ont démontré que les biais interviennent plus fortement lorsque la décision que l’on doit prendre est stressante, complexe ou urgente.
C’est justement le cas quand un recruteur choisit un candidat pour un poste. Sur la base d’assez peu d'informations, il doit procéder à un grand nombre d'analyses et de jugements pour réaliser la bonne prédiction.
Dans une situation de cet ordre, le niveau d’incertitude est si élevé que le cerveau atteint ses limites et fait appel à ces scripts ultra simples pour se faciliter la tâche.
Les recruteurs le savent bien et tentent de créer des processus d’évaluation plus objectifs et censés être en mesure de contrer leur faiblesse de raisonnement (test, CV anonyme etc.). Il existe d’ailleurs de nombreuses ressources pour les aider à se prémunir des principaux biais qui altèrent leur jugement. Cependant comme nous tous, ils restent toujours assez fragiles et soumis à des risques d’erreurs.
C’est là que cela devient intéressant.
Étant donné que les biais sont largement prévisibles, connaître ceux susceptibles de toucher les recruteurs permet de comprendre quelles qualités mettre en valeur.
Par exemple, savoir que la première impression influence grandement la façon dont on évalue un candidat le poussera à soigner son entrée en entretien.
Ou encore, savoir qu’un recruteur juge plus favorablement les personnes qui lui ressemblent poussera à rendre saillants les points communs.
Bref, il sera alors possible de développer un ensemble de techniques d’influence qui renforcera votre pouvoir de persuasion et les chances d’être embauché.
Le but est-il de vous apprendre à manipuler les recruteurs ?
Absolument pas !
Si un usage mal intentionné des connaissances sur les biais cognitifs ou les biais de jugement est possible, ce n’est pas de cette façon que nous les utilisons. Par ailleurs, l’analyse des biais n’est pas une science exacte, et fort heureusement il arrive aussi que la logique l’emporte.
Connaître les biais devrait simplement aider à se mettre à la place du recruteur en comprenant par quel processus cognitif son cerveau passe en fonction de ses enjeux et ses craintes. Il est ainsi possible de nourrir l’échange intelligemment.
Parfois, certains candidats ont du mal à comprendre sur quels critères implicites ils sont évalués. Cette ressource leur fera découvrir des réflexes d'évaluation souvent méconnus qui impactent le jugement et leur permettra de travailler leur mode de communication.